La réforme de la Coupe du Monde des Clubs, prévue pour l’été 2025 sous l’égide de la FIFA, a suscité des réactions controversées, notamment celle de Javier Tebas, président de la Ligue espagnole de football.
Ce nouveau format, qui accueillera 32 équipes, dont Benfica et le FC Porto, a laissé le dirigeant sceptique quant à ses répercussions sur l’équilibre fin ancier et sportif des compétitions nationales.
S’exprimant lors de la deuxième journée du sommet Thinking Football, à Porto, Tebas a remis en question la logique économique derrière ce tournoi, qui devrait générer environ deux milliards de dollars.
«Que recherchent-ils avec un tournoi dans lequel 20 % des revenus reviennent aux grands clubs ? Cela va creuser encore plus les écarts entre les clubs riches et les moins fortunés, nuisant ainsi à la compétitivité des ligues nationales», a-t-il déclaré.
Tebas craint que cet afflux massif de fonds aux clubs les plus influents accentue les déséquilibres déjà existants au sein du football mondial, notamment dans les ligues locales.
Selon lui, cette manne financière profitera principalement à une minorité de clubs, renforçant ainsi l’hégémonie des plus puissants au détriment de la diversité compétitive.
Le surmenage des joueurs et l’encombrement des calendriers
L’autre préoccupation majeure de Tebas concerne l’impact de cette nouvelle Coupe du Monde des Clubs sur le calendrier international et la santé des joueurs.
«Il y a environ 200 joueurs concernés par ces compétitions internationales, mais en Europe, on compte 50 000 professionnels. On se focalise sur un petit groupe au détriment du reste, au risque de surcharger les calendriers et d’épuiser ces joueurs», a averti Tebas.
Le président espagnol pointe du doigt l’accumulation des tournois estivaux, qui, selon lui, risque de «étrangler» les compétitions nationales, en perturbant le rythme habituel des ligues et en imposant une pression excessive sur les joueurs.
Cette critique fait écho à son opposition de longue date à la Super Ligue européenne, projet qu’il considère comme nuisible à l’écosystème du football.
Un modèle audiovisuel à réinventer ?
Tebas a également soulevé des questions sur l’efficacité économique de cette Coupe du Monde des Clubs en termes de droits audiovisuels.
«Vouloir organiser une Coupe du Monde des Clubs ne garantit pas nécessairement une augmentation des revenus audiovisuels. Avec la multiplication des plateformes OTT (diffusion en ligne), l’argent se fragmente de plus en plus», a-t-il expliqué.
Des réformes controversées dans le football mondial
En parallèle de cette Coupe du Monde des Clubs, la FIFA prévoit d’augmenter le nombre d’équipes participant à la Coupe du Monde dès 2026, passant de 32 à 48 équipes.
L’UEFA, de son côté, introduit également des réformes, avec 36 équipes dans les phases de groupes de la Ligue des Champions, de la Ligue Europa et de la Ligue de Conférence, dès cette saison.
Ces modifications majeures du paysage footballistique mondial ne font pas l’unanimité. En juillet, les Ligues européennes de football et la FIFPro, sous la présidence de Pedro Proença, ont déposé une plainte auprès de la Commission européenne contre la FIFA pour protester contre la surcharge des calendriers.
Un appel au dialogue entre les instances du football
Pour Javier Tebas, il est essentiel que les instances dirigeantes du football, dont la FIFA, collaborent avec les ligues nationales pour éviter les conséquences négatives de ces réformes.
«Les organisations doivent s’asseoir avec ceux qui gèrent l’industrie, les ligues nationales, et réfléchir aux effets de leurs décisions. Si l’objectif est purement financier, nous pourrions trouver d’autres solutions. Mais si c’est une question d’ego et de pouvoir, alors nous faisons fausse route», a-t-il conclu.