Zlatan Ibrahimovic est l’un des attaquants les plus dominants de sa génération. Pourtant, son passage au FC Barcelone n’a jamais vraiment décollé. En cause : une incompatibilité flagrante avec la philosophie de Pep Guardiola et surtout avec l’étoile montante de l’époque, Lionel Messi. À l’inverse, Thierry Henry, autre star internationale, a su s’adapter — et triompher — dans un environnement centré autour du prodige argentin.
Dans l’émission The Rest Is Football, Thierry Henry revient avec lucidité et franchise sur son expérience au FC Barcelone.
«C’est simple. Au final, un compétiteur veut toujours gagner, qu’il change la donne ou non. Il faut être stupide pour ne pas comprendre qu’il faut courir pour ce type. Je me fiche de mon ego, je me fiche de tout le reste. J’adore la compétition, et qui peut me faire gagner ? Si je me regarde dans le miroir et que je suis le principal, d’accord, c’est moi. Mais là, c’était Leo. Soyons honnêtes, c’était l’équipe de Messi.», confie-t-il.
Henry rappelle que lorsqu’il arrive à Barcelone, il n’a encore rien gagné, contrairement à Messi qui s’affirme comme le moteur de l’équipe.
«Il parlait de lui. ‘Qu’as-tu gagné, Thierry ? Rien.’ Si on se retourne et qu’on se rend compte qu’en courant pour ce type, il marque quatre buts par match, que veut-on qu’on fasse ? Il faut être stupide et idiot pour dire : ‘Moi aussi, moi aussi.’», poursuit-il.
Une adaptation difficile mais nécessaire
«Je ferai mon truc. Je presserai et je marquerai des buts, car je ne suis pas n’importe qui. Quiconque joue reconnaît quelqu’un qui joue», explique-t-il.
Pour Henry, la clef des meilleures équipes, ce sont ces grands compétiteurs prêts à tout pour gagner, peu importe qui est le pivot autour duquel s’articule le jeu.
Cette adaptation n’a pas été simple : «Tu crois que c’était facile pour moi de passer de 25 ballons touchés à seulement quatre par mi-temps ? Ce n’était pas facile du tout, c’était même un peu agaçant. Mais quel est ton objectif ? Être bon ou gagner six trophées ? L’idéal serait d’être bon et de gagner six trophées, mais il faut être un phénomène.»
Messi, un phénomène hors norme
Henry décrit ensuite avec admiration le prodige argentin encore jeune à l’époque : «J’ai vu Messi dans sa jeunesse, lorsqu’il a remporté son premier Ballon d’Or. J’ai vu beaucoup de choses (dans ma carrière), j’en ai fait beaucoup moi-même. Mais ce gamin… il n’est tout simplement pas normal.»
Il insiste sur la dimension physique et technique unique du joueur : «Vous savez à quel point c’est difficile de dribbler le ballon en match ? Et il le fait à chaque action. Il marche quand il n’a pas le ballon. Parfois beaucoup, parfois non. Mais on ne parle pas de ce qu’il fait quand il a le ballon. Parce qu’à chaque fois qu’il reçoit le ballon, il accélère, s’arrête, se retourne, se relève, s’élance. Vous savez à quel point c’est difficile pour le corps de faire ça ?»
Henry compare la dépense physique de Messi à celle des athlètes d’élite : «Quand vous voyez quelqu’un du 100 mètres, ces athlètes ne peuvent pas parler après une course. Ceux qui courent des marathons, eux, peuvent parler. (…) Dribbler, tirer au but, avoir une vision de jeu, protéger le ballon, courir à un niveau élevé, est-ce qu’il pourra marcher un jour ? Si tu me fais gagner, tu peux marcher. Lui seul, hein.»