Avant même le début de sa conférence de presse ce vendredi, Roberto De Zerbi a pris la parole pour clarifier l’affaire Adrien Rabiot–Jonathan Rowe survenue vendredi dernier à Rennes (0-1). Le technicien italien a expliqué en détail la décision prise par l’Olympique de Marseille et en a défendu la légitimité.
Une situation hors norme dans le vestiaire
De Zerbi a comparé l’altercation à n’importe quel incident sur un lieu de travail, soulignant le caractère exceptionnel et dangereux de la bagarre.
«Comme l’a dit Benatia, j’ai joué au foot pendant longtemps, ça fait plus de 30 ans que je suis dans le foot, je suis habitué à parler de ce qu’il se passe dans les vestiaires. Mais je pense qu’il faut un peu mettre les choses en ordre, c’est nécessaire de prendre la parole. Je commence par une question assez simple : sur n’importe quel lieu de travail, si deux employés, deux serveurs, deux avocats, deux ouvriers, se frappent, comme dans un pub anglais, devant le directeur sportif et l’entraîneur avec un coéquipier qui était à terre parce qu’il avait perdu connaissance (Darryl Bakola, ndlr), que doit faire l’employeur ? Que doit faire le patron en France ? Moi j’ai travaillé à l’étranger. Il y a deux solutions : soit la suspension, soit le licenciement.», a-t-il déclaré.
Le coach a rappelé que la décision avait été prise en concertation avec Pablo Longoria et Medhi Benatia, après plusieurs échanges téléphoniques, avant d’être communiquée officiellement.
«Medhi Benatia, Pablo Longoria et moi avons parlé au téléphone samedi et dimanche puis avons attendu lundi avant de communiquer notre décision. Une décision nette : mettre ces deux joueurs à l’écart de l’effectif en attendant de voir. Voir quoi ? Si les deux éprouvaient un regret. Pourquoi ? Dans un club de foot, un lieu de travail, il doit y avoir une hiérarchie, et le club doit passer avant tout, avant moi et avant eux. Et avant les joueurs il y a le coach et le club. Dans l’histoire récente, Marseille a été acteur dans des polémiques avec des départs d’entraîneurs ou de dirigeants à cause d’un manque d’ordre, il y a un code éthique au sein du club. C’est un choix contraint, et une décision très juste. C’était un choix temporaire pour comprendre comment les choses se seraient déroulées par la suite. Le club devait le faire.», a-t-il expliqué.
Une bagarre exceptionnelle et inquiétante
De Zerbi a décrit l’ampleur de l’incident, qui a nécessité l’intervention des gardes du corps du club : «On parle d’une bagarre où les gardes du corps, qui doivent nous protéger des autres personnes, ont dû séparer les joueurs. Cela ne me scandalise pas, mais c’est la seule fois où j’ai vu ça. Je viens de la rue, je suis habitué à ce genre de choses. Mais voir des gardes du corps, qui devraient nous défendre, être obligés de nous défendre de nous-mêmes. (…) Demain on devra jouer sans Rowe ni Rabiot, ce n’est pas facile. J’aurais pu me retourner et faire semblant de ne rien voir, dire : ‘allez, vous vous serrez la main, c’est bon, c’est fini’. Moi, je ne perds pas ma dignité ni pour un match ni pour un championnat. J’ai soutenu et je soutiens toujours le club car il n’y avait pas d’autre choix. Oui, ils ne se sont pas cassés des dents, mais cette bagarre, je n’avais jamais vu ça dans ma carrière. Je ne savais pas quoi dire, quoi faire. Je voyais le docteur qui essayait de réveiller un joueur au sol, Rowe et Rabiot qui se battaient. Pourquoi ? Pour un match ? (…) Personne ne doit se voir plus fort que l’OM. D’autres joueurs forts ou d’autres entraîneurs forts, il y en a partout. Mais il faut réussir à garder notre professionnalisme, le bon comportement, pour rester à notre place. C’est courageux de la part du club. Sur le long terme, ce sera bénéfique», a-t-il ajouté.