Dans un entretien profondément émouvant accordé au El País, Andrés Iniesta a levé le voile sur une facette méconnue de sa carrière : sa lutte contre la dépression chronique. L’ex-maître à jouer du FC Barcelone a notamment évoqué la douleur de son éloignement familial lorsqu’il a rejoint La Masia à un très jeune âge, une blessure intime qu’il n’a jamais vraiment refermée.
«Je dirais qu’il y a deux parties. L’une est le sport et la famille, qui n’a pas pu aller mieux, et une autre plus personnelle, qui m’a coûté cher, sûrement à moi et aussi ma famille. Pour cette séparation, pour la façon dont j’ai géré les choses. Je suis convaincu qu’une telle décision, à la fin, il faut payer le prix. Le football a été ma vie, ma passion, la façon dont je me suis mieux exprimé et où j’ai été plus heureux. C’était la partie qui me consolait cette douleur intérieure que j’avais, que je ne laissais pas sortir ou que j’essayais de couvrir d’une façon ou d’une autre. C’est ainsi que ces deux mondes ont coexisté. Et le football gagnait. Jusqu’à ce que, au fil du temps, il a fait un peu le tour et cet autre monde intérieur dit ‘hé, je suis resté ici’.», confie-t-il avec une grande lucidité.
Il admet que son entourage, notamment ses entraîneurs et le staff technique, étaient conscients de sa souffrance.
«L’entraîneur et le staff technique étaient au courant dès le début. Et le fait que je pouvais aller à l’entraînement et peut-être ne pas terminer les entraînements parce que je me sentais mal, était bon. Ils se sentaient impliqués et m’ont aidé.», explique Iniesta, soulignant l’importance de l’écoute et de la compréhension dans ces moments difficiles.
«Sans cette compréhension, il aurait été pratiquement impossible de sortir de là.», ajoute-t-il.
L’ancien international espagnol parle également de l’importance des psychologues dans le sport de haut niveau, un sujet qu’il juge encore trop souvent tabou.
«Le sport a beaucoup progressé. Et pas seulement parce qu’il y a des personnes publiques qui l’ont exprimé et cela a aidé à ce que d’autres puissent se sentir identifiés, s’exprimer ou en parler. Il reste sûrement beaucoup à faire, car il est difficile de dire que vous ne vous sentez pas bien. C’est considéré comme un symptôme de faiblesse.», explique-t-il.
Iniesta insiste sur le fait que chaque personne réagit différemment aux situations difficiles. Pour lui, la thérapie psychologique a été une clé de sa guérison, même si le processus n’a pas été facile.
«Nous ne sommes pas tous égaux. Nous n’utilisons pas tous les mêmes mécanismes pour sortir de situations différentes. Il n’est pas facile de rencontrer un psy qui vous fait sentir bien, qui vous aide. J’arrivais toujours dix minutes avant de commencer ma séance avec la psychologue, mais il peut y avoir des gens qui ne ressentent pas cette alchimie avec le professionnel. C’est pourquoi j’essaie toujours de parler d’un point de vue personnel, sans donner de conseils ou de leçons. J’essaie juste de raconter mon expérience, mon histoire, de la partager, et si quelqu’un en le lisant peut s’identifier et l’aide dans certaines circonstances de sa vie, c’est merveilleux.», conclu-t-il.
