Lors du Forum de l’Europe ce lundi à Madrid, Javier Tebas, président de la Ligue espagnole, a tiré la sonnette d’alarme sur la crise qui secoue actuellement le football européen. Avec l’ombre d’une grève des joueurs planant au-dessus du sport roi, Tebas n’a pas mâché ses mots en pointant du doigt les nouvelles compétitions et l’organisation chaotique du calendrier.
«Une grève des footballeurs peut être réelle. Les syndicats et les ligues sont assez unis», a prévenu Tebas. Selon lui, la multiplication des compétitions sans concertation préalable avec les principaux acteurs du football met en péril la santé des joueurs et l’équilibre économique des ligues nationales.
«Nous ne pouvons pas continuer avec de nouvelles compétitions comme cela se fait. Elles mettent en danger la santé de certains joueurs et l’écosystème de la grande majorité des joueurs. Le risque est latent, proche et encore plus avec les obligations des compétitions sans penser à ce qui se passe avec les effets de l’industrie du football», a-t-il martelé.
Cette situation, selon Tebas, creuse davantage les inégalités entre les clubs les plus riches et ceux de taille moyenne ou modeste, menaçant ainsi l’existence même des championnats nationaux. Il craint une «mort économique» progressive des ligues traditionnelles, accentuée par la concentration des revenus au sommet.
Un avenir incertain et des divergences avec les instances
Après avoir échangé avec le syndicat international des joueurs (FIFPRO), Javier Tebas s’est montré pessimiste quant à l’avenir du football.
«Les revenus passeront des compétitions nationales vers ces super compétitions, ils iront à une série de clubs qui les fourniront à leurs joueurs ; l’industrie aura moins d’emplois et les petits clubs de taille moyenne perdront de l’argent», a-t-il déclaré.
Tebas a également évoqué les effets néfastes du récent format de la Ligue des Champions, déjà visible dans certains pays où les droits de diffusion des ligues nationales perdent de la valeur.
«En Espagne, ils ont été maintenus, mais ces formats de super compétition nuisent à l’industrie», a-t-il ajouté.
S’il admet quelques désaccords avec l’UEFA et la FIFA, Tebas critique surtout leur monopole sur les décisions majeures concernant les calendriers :
«Je ne suis pas d’accord sur certaines choses avec l’UEFA et la FIFA, ils établissent le calendrier, ils vous appellent, ils vous demandent et vous dites que je ne suis pas d’accord et ils vous disent : ‘d’accord, à plus tard.’»
Pour lui, cette position de monopole doit cesser, et les instances dirigeantes devraient davantage collaborer avec les ligues et les syndicats pour construire un modèle de compétition plus équilibré.
La menace du piratage et la survie du football
En plus des défis internes, Tebas a souligné le danger persistant du piratage, un fléau qui continue de ronger les revenus du football et fragilise encore plus son écosystème.
Pour le président de la Liga, il est essentiel de trouver des solutions pour protéger l’intégrité économique des compétitions et garantir un avenir viable pour tous les clubs.