
C’est une déclaration qui a secoué le monde du football. Pep Guardiola, entraîneur iconique de Manchester City, a laissé entendre dans une interview à ESPN Brasil qu’il prendrait une pause à l’issue de son contrat avec les Sky Blues.
«Après mon contrat avec City, je vais arrêter. J’en suis sûr. Je ne sais pas si je vais prendre ma retraite, mais je vais faire une pause», a-t-il confié à Gilberto Silva, sans confirmer s’il s’agira d’un simple congé sabbatique comme après son départ du FC Barcelone en 2013, ou d’un arrêt prolongé.
Cette annonce inattendue intervient seulement six mois après qu’il a prolongé son contrat avec Manchester City jusqu’en 2026, avec une option jusqu’en 2027.
Un bilan exceptionnel, une saison contrastée
Avec 39 trophées à son actif, Guardiola figure parmi les entraîneurs les plus titrés de l’histoire du football. Pourtant, il reste lucide sur la fugacité de la mémoire collective.
«Tous les entraîneurs veulent gagner pour avoir un travail mémorable, mais je pense que les supporters de Barcelone, du Bayern Munich et de Manchester City ont pris du plaisir à regarder mes équipes jouer. Je ne pense pas que nous devrions vivre en pensant à savoir si nous resterons dans les mémoires. Quand on meurt, nos familles pleurent pendant deux ou trois jours, puis c’est fini : on nous oublie. Dans une carrière d’entraîneur, il y a du bon et du mauvais, et l’important est que les bons restent dans les mémoires. Je vous le dis, le plus important n’est pas ce que les gens pensent de vous ; après tout, nos vies de footballeurs ont été très belles. En tant qu’entraîneur, de nouveaux défis s’offrent à nous ; je ne sais pas ce qui nous attend, et au final, peu importe. Je pense que le club, même avant moi, avec Pellegrini et Mancini, il y a 20 ou 15 ans… a connu des années uniques. Rétrospectivement, notre année actuelle n’a pas été bonne, mais si l’on analyse les dix dernières années, elles ont été très bonnes, nous avons rendu nos supporters heureux, et cela vaut tout», déclare-t-il avec philosophie.
Cette saison, pourtant, n’a pas été à la hauteur de ses standards. Manchester City, quadruple champion en titre, n’est que quatrième de Premier League, loin derrière Liverpool.
«Ce fut une année très enrichissante pour moi personnellement. On pense souvent qu’on apprend plus des défaites que des victoires. Il n’y a pas de raison unique à cette année difficile ; il y a beaucoup de détails , comme les décisions qui ont été prises contre moi. Donc, personnellement, ce fut une année très enrichissante. Je savais qu’un jour nous chuterions, mais nous avons beaucoup chuté. Nous ne nous attendions pas à aller aussi loin, mais on ne peut pas tout gagner. Ce que nous avons fait pendant 10 ou 9 ans était exceptionnel. Maintenant, nous devons prendre du recul et apprendre pour essayer de comprendre ce que nous devons produire à l’avenir», analyse-t-il. La finale de la FA Cup face à Crystal Palace le 17 mai pourrait sauver une saison éprouvante.
Une école sans maître ?
À la question de savoir s’il a créé une école de pensée à l’image de Johan Cruyff, Guardiola balaie l’idée : «Normalement, quand on gagne, il y a une école de pensée, et quand on perd, personne ne veut la copier. Comme on gagne souvent, on peut dire que j’ai une école de pensée, mais je n’y crois pas, car je n’ai pas de schéma de jeu pour la créer. Si j’en avais un, il faudrait que j’ouvre une école de pensée et que j’en tire profit, mais ce n’est pas le cas», a-t-il répondu.
Pourtant, ses préceptes — pressing haut, maîtrise du ballon, adaptation tactique — ont fait école, même s’il refuse d’en revendiquer la paternité.
Il reconnaît cependant l’influence d’autres courants, notamment ceux des écoles néerlandaise et allemande : «Il existe de nombreux styles. C’est vrai que l’école néerlandaise est celle qui a le plus influencé ma vie. Mais il y en a beaucoup d’autres. L’école allemande, avec le gegenpressing, le fameux contre-pressing, les attaques rapides. Mais évidemment, l’école de Barcelone, où j’ai grandi dans le football, où Johan Cruyff a introduit de nombreuses idées, a été très importante pour moi. J’ai même essayé de l’appliquer en Allemagne lorsque j’y étais, et aussi ici en Angleterre, tout en conservant les caractéristiques allemandes et anglaises. Il n’y a pas qu’une seule école ; les influences sont multiples, et je m’adapte aussi aux joueurs que j’entraîne», a confié le manager de City.
Un football en mutation
Dans un football qu’il juge désormais «plus direct et physique», Guardiola souligne la beauté de la diversité des styles.
«Est-ce que j’influence les autres ? Je ne peux pas parler pour eux, s’il y a eu une influence. La vérité, c’est que nous vivons à une époque où le football est plus direct et physique, avec des équipes courageuses. Avant, les équipes les plus faibles jouaient uniquement défensivement, mais plus maintenant. Toutes les équipes pratiquent un jeu rapide et direct, mais il y aura toujours des équipes qui comprendront que le ballon est le plus important, d’autres qui penseront que ce n’est pas si important. Et je trouve ça magnifique. Le football serait horrible si tout le monde jouait pareil !» a conclu le Catalan.
Clarification immédiate
Face au tollé médiatique suscité par ses propos, Guardiola a tenu à rectifier le tir sur Sky Sports, peu avant un match de championnat.
«Non ! Non, non, je n’ai pas dit que je partais maintenant ou à la fin de la saison . Enfin, s’ils me virent, oui. Mais je dis que lorsque mon passage ici sera terminé – je ne sais pas si ce sera dans un an, deux, trois, quatre, cinq, six… Je ne sais pas – je ferai une pause ! Je ne prendrai pas ma retraite, mais je ferai une pause, c’est sûr. Vous savez ce que ça signifie, dans le football, d’avoir un contrat de deux ans avec la direction ? C’est une éternité. J’ai besoin d’une pause, c’est tout. Mais bon, on est là pour battre les Wolves…», a-t-il lâché.
