Figure incontournable du football moderne, José Mourinho a longtemps incarné la réussite absolue. Pourtant, son approche pragmatique, souvent jugée défensive, n’a jamais fait l’unanimité. Le regretté Johan Cruyff, icône du jeu offensif et esthétique, n’a jamais caché ses réticences à l’égard du «Special One».
En 2005, Cruyff confiait au Guardian : «J’imagine qu’on peut dire que c’est un bon coach sur le plan pragmatique. Mais en ce qui me concerne, j’estime que les entraîneurs de football ont aussi un devoir d’être divertissants. Et puis, il n’est pas assez respectueux. Quand vous êtes un grand manager, vous devez faire preuve de respect envers les autres.» Une critique frontale qui n’est pas restée sans réponse.
Mourinho, fidèle à son style cinglant, avait alors répliqué dans Record : «Je veux qu’il vienne me voir et qu’il m’apprenne. Je le dis en tout humilité. Je veux qu’il m’apprenne à être un meilleur coach parce que je ne veux pas arrêter d’apprendre. Mais il ne peut pas m’apprendre à être champion parce que je l’ai déjà été à trois reprises. (…) Et je ne veux pas qu’il m’apprenne à prendre une raclée 4-0 en finale de Ligue des Champions. Ça, non.»
La pique visait directement la défaite du Barça de Cruyff face à Milan en 1994. Le Néerlandais avait répondu dans La Vanguardia, tout en ironie.
«Je suis heureux d’apprendre que Mourinho aimerait que je lui enseigne quelques principes que je défends. Je pourrais lui apprendre comment très bien jouer, comme le faisaient l’Ajax dans les années ’70 ou Barcelone dans les années ’90. Je serais ravi de lui enseigner non seulement comment gagner et bien jouer, mais aussi comment obtenir le respect des gens, ce qui est plus important que les titres. Il vaut mieux que je ne lui apprenne pas comment perdre une finale 4-0. Ça arrive quand vous avez une très longue carrière. (…) Il a le temps d’apprendre comment gagner et perdre. Mais obtenir le respect du monde entier, c’est encore autre chose», a-t-il laché.