En cette journée mondiale de la santé mentale, Jude Bellingham a choisi de briser le silence. À seulement 22 ans, le milieu de terrain du Real Madrid, souvent décrit comme un modèle de réussite et de maturité, s’est livré à cœur ouvert sur un sujet encore trop tabou dans le monde du sport de haut niveau : la vulnérabilité mentale.
Double finaliste de l’Euro (2021 et 2024), vainqueur de la Ligue des Champions, de la Supercoupe d’Europe et de la Liga, l’international anglais affiche un palmarès impressionnant. Son transfert à 100 millions d’euros et son salaire annuel estimé à 20 millions d’euros font de lui l’un des footballeurs les plus en vue de la planète. Mais derrière cette image d’athlète accompli, Bellingham confie avoir longtemps porté un masque.
«Il y a toujours une stigmatisation autour des discussions sur la santé mentale. Je me suis senti vulnérable, j’ai douté de moi-même et j’avais besoin de quelqu’un à qui parler, mais j’ai essayé de conserver cette image d’athlète macho.», a-t-il déclaré dans une interview relayée par Sky Sports. «La vérité, c’est que j’ai besoin de quelqu’un, comme tout le monde. Même si les commentaires étaient positifs, je me demandais : pourquoi devrais-je laisser l’opinion de personnes qui ne me connaissent pas valider ce que je pense de moi-même ?»
«Les athlètes ne sont pas des machines»
Conscient de l’impact de sa parole, le joueur du Real Madrid a tenu à délivrer un message fort. Selon lui, il est temps pour les sportifs d’accepter et d’exprimer leur fragilité, afin de contribuer à une vision plus humaine de la performance.
«En tant qu’athlètes, on pense souvent que le monde est à nos pieds ou entre nos mains, que nous pouvons faire tout ce que nous voulons, gagner beaucoup d’argent et ne jamais en subir les conséquences. Mais en réalité, si nous pouvons montrer notre vulnérabilité, cela ouvre la voie à une conversation plus large pour les personnes qui se débattent dans l’obscurité», explique-t-il. «Il est du devoir des personnes comme moi, et de celles qui occupent des postes similaires, d’être des modèles. Je continue de penser que les athlètes sont considérés comme des personnes qui doivent se taire et accepter leur sort, ce qui est une vision dépassée.»
Apprendre à accepter l’échec
Malgré ses 38 buts et 28 passes décisives en 105 matchs sous le maillot merengue, Bellingham confie avoir appris à vivre avec l’échec. Dans un environnement où les moindres erreurs sont amplifiées sur les réseaux sociaux, il dit avoir travaillé sur son mental pour mieux encaisser les critiques et la haine en ligne.
«Cette haine peut être très difficile à supporter pour les athlètes, et je comprends vraiment ceux qui souffrent de troubles mentaux. Tout le monde a le droit d’avoir son opinion sur le sport, mais il devrait y avoir des limites aux horreurs que l’on peut dire», déplore-t-il. «Je n’ai jamais été dans un état mental très difficile, mais j’ai côtoyé des personnes qui l’ont été, et c’est triste à voir. J’essaie toujours de garder une grande confiance en moi, que ce soit en me rassurant moi-même ou en acceptant le fait que je ne réussirai pas toutes mes passes, que je ne battrai pas tous les joueurs et que je ne marquerai pas et ne gagnerai pas tous les matchs. Plus vous êtes à l’aise avec cela, plus vous êtes à l’aise avec le fait de savoir que vous n’êtes pas parfait.»