À 18 ans, Lamine Yamal est déjà une star du FC Barcelone et de la sélection espagnole. Mais derrière l’image du prodige précoce, il y a l’histoire d’un adolescent qui a dû convaincre ses parents de son destin, surmonter des drames familiaux et affronter des réalités sociales difficiles. Dans une longue interview accordée à José Ramón de la Morena, pour le podcast Resonancia de Corazón, le jeune crack s’est livré sans filtre.
«Je n’étais pas fait pour les études»
Le natif d’Esplugues de Llobregat raconte combien il a eu du mal à jongler entre l’école et sa vie à La Masia : «La première année a été bonne, mais la deuxième… Je crois qu’après avoir quitté Mataró, je n’étais pas habitué à fréquenter des personnes d’autres classes sociales, entre autres. Je me suis déconnecté des cours, je n’étais pas à l’aise. Je m’entendais bien avec les gens de La Masia, mais à l’école, je n’étais pas à ma place. Je venais d’une école où je rencontrais des gens de mon quartier, de la boulangerie, de la boucherie…», a-t-il déclaré.
Très vite, Yamal comprend qu’il n’est pas destiné aux bancs de l’école : «C’était autre chose. J’aurais aimé étudier, mais je ne pense pas être fait pour ça. J’ai dit à mes parents : Si vous comptez sur moi pour travailler, on est foutus, mais si vous voulez que je sois footballeur, ne vous inquiétez pas, je serai footballeur.», a-t-il poursuivi.
Une déclaration qui n’avait pas convaincu sa mère, intransigeante sur les études. Yamal se souvient : «Ma mère m’a dit que je ne jouerais pas si je n’étudiais pas. Un jour, alors que j’étais à La Masia, je l’ai appelée et je lui ai dit : « Maman, je vais à l’école, mais je ne vais rien faire. Je vais me préparer pour l’entraînement de l’après-midi ». Elle m’a demandé ce que je disais, ce que j’avais appris… ‘Si je me concentre, je serai footballeur’, lui ai-je dit. Je ne l’ai pas convaincue, elle m’embêtait tous les jours. Même à mes débuts, elle m’embêtait, car je devais étudier et je n’étudiais pas.», a-t-il ajouté.
Aujourd’hui, avec le recul, il reconnaît que son pari était risqué : «Je déconseille aux gens de faire ce que j’ai fait, car j’aurais facilement pu ne pas être footballeur.», a-t-il ajouté.
Le drame de son père poignardé
Au-delà des difficultés scolaires, Yamal a également traversé des moments traumatisants, notamment en août 2024, lorsque son père, Mounir Nasraoui, a été victime d’une agression au couteau à Mataró. Transporté en urgence à l’hôpital Can Ruti, il avait inquiété toute la famille.
Le jeune joueur raconte la scène : «J’étais en voiture, je revenais des courses. J’étais avec mon cousin, et il m’a appelé pour me prévenir. Les appels ont commencé à affluer, et à ce moment-là, j’étais encore un enfant. La première chose que j’ai faite a été de sortir de la voiture et d’essayer d’aller à la gare pour Mataró, mais j’étais déjà footballeur. Je savais que mon père était en danger, car il avait été poignardé», se souvient-il.
Malgré l’angoisse, Yamal avait continué à s’entraîner le lendemain, avant de voir son père à l’hôpital : «Je voulais aller à Mataró voir ce qui se passait, mais mon cousin ne m’a pas laissé prendre le train. Ils m’ont enfermé à la maison. J’ai essayé de partir, mais ils ne m’ont pas laissé. C’était une période difficile. Le lendemain, j’avais un entraînement, alors j’y suis allé. J’ai vu que je ne pouvais rien faire. Je l’ai appelé, et il m’a dit de rester calme et de ne pas m’inquiéter. Je suis allé le voir à l’hôpital le lendemain matin, et tout s’est calmé», a-t-il ajouté.
Face au racisme
Enfin, le joyau du Barça a pris position contre les discriminations qui gangrènent le football espagnol. Sans détour, il a dénoncé l’absurdité de certains comportements : «Ai-je déjà vu un Noir traiter quelqu’un de blanc dans la rue ? Non, parce que nous avons deux doigts sur le front. Il y a des gens à qui je ne sais pas ce qui leur est arrivé quand ils étaient petits, mais ils ont fini par être un peu blessés. Ça ne m’inquiète pas.»