Il incarnait la nouvelle vague dorée du football français, celle qui devait prendre le relais de 1998. Philippe Christanval, libéro racé formé à Monaco, avait tout pour briller : la classe balle au pied, la lecture du jeu, et ce profil rare de défenseur moderne, comparé très tôt à Laurent Blanc. En 2001, à seulement 23 ans, le FC Barcelone débourse 16,7 millions d’euros pour l’arracher à la Principauté. Le rêve catalan commence, mais se transforme rapidement en désillusion.
Un départ en fanfare, une chute en silence
Christanval n’aura pas tardé à faire son trou en Catalogne. Dès sa première saison, il s’impose comme titulaire, incarnant l’élégance et la solidité d’un Barça en transition.
Mais la saison suivante tourne au cauchemar : une blessure le tient à l’écart, et Louis van Gaal, revenu aux commandes, le relègue au rang d’indésirable. Deux années à l’ombre d’un club en reconstruction, sans garanties sportives, scelleront son départ.
«Moi, à l’époque, (Jacques) Santini m’appelait souvent. Il voulait rebâtir l’Équipe de France avec Thierry (Henry), David (Trezeguet) et moi entre autres… Et il m’a dit : “En revanche, faut que tu joues.” Même après le départ de Van Gaal, avec l’arrivée de Rijkaard, les dirigeants ne pouvaient pas m’assurer de jouer», confie-t-il à So Foot.
Face à ce dilemme, il fait un choix courageux : quitter Barcelone pour relancer sa carrière. Un départ qui laisse des traces, y compris chez ses coéquipiers.
Les adieux déchirants de Puyol
Parmi ceux touchés par son départ, un nom ressort : Carles Puyol. Le futur capitaine emblématique du Barça ne cache pas sa peine.
«Quand je suis parti, Puyol, un mec super attachant, et un super joueur aussi, il était dégoûté. Je m’en rappellerai toujours. Je disais au revoir à tout le monde. Lui n’était pas encore arrivé. Et moi, je suis allé au parking. Il a couru, m’a rattrapé, il m’a dit : “Mais non, pourquoi tu pars ? Franchement t’aurais dû rester. Je suis sûr que si toi et moi on avait joué dans l’axe, ça aurait été top.”», raconte Christanval, ému. Un moment suspendu, où le respect dépasse les maillots.
L’écho brésilien et les promesses brisées
Malgré les blessures et la frustration, Christanval garde un souvenir lumineux de son passage en Catalogne, notamment grâce à sa proximité avec les Brésiliens du vestiaire : Thiago Motta, Geovanni, Fábio Rochemback et Rivaldo.
«On avait pratiquement tous le même âge. Et puis je ne sais pas, on s’entendait bien. Thiago Motta, il n’était pas encore Italien, mais déjà très intelligent, de la personnalité, technique…», glisse-t-il avec nostalgie.
Marseille, le dernier espoir
C’est à Marseille qu’il tentera de se relancer, avec l’espoir secret de retrouver les Bleus. Mais son corps ne suivra plus. Freiné par les blessures, Christanval ne retrouvera jamais son niveau. L’aventure prendra fin prématurément, loin des sommets qu’il semblait promis à atteindre.