Le parquet de Nanterre a pris sa décision : un procès pour viol est officiellement requis contre Achraf Hakimi, défenseur international marocain du Paris Saint-Germain. Les faits reprochés remontent à la nuit du 24 au 25 février 2023, au domicile du joueur, en banlieue parisienne. La plaignante, prénommée Amélie (nom modifié par L’Équipe), avait déposé une main courante deux jours plus tard, dénonçant une pénétration digitale non consentie.
Une affaire qui divise
Achraf Hakimi conteste fermement les faits. Il reconnaît des contacts intimes, mais sans aucune pénétration, ni comportement inapproprié.
Devant la juge d’instruction, il a précisé : «Ce que j’ai dit à Kylian, [c’est que] caresses intimes, ça ne veut pas dire que j’ai mis les doigts. Pour moi c’est toucher le dos, le cou, embrasser, lui toucher les cheveux, pour moi c’est ça.»
L’un de ses plus proches amis, Kylian Mbappé, entendu en avril 2023, a confirmé une discussion avec Hakimi après les faits. L’attaquant du PSG avait alors rapporté que Hakimi lui avait parlé de «caresses mutuelles sur des parties intimes», mais que la jeune femme n’aurait exprimé aucun refus, selon les propos du Marocain.
«Il m’a dit qu’il y avait eu des caresses mutuelles sur des parties intimes, mais qu’à aucun moment, il n’avait ressenti un refus de la part de cette jeune femme (…) Il m’a dit que finalement ils n’avaient pas couché ensemble sans me dire pour quelle raison»
Des incohérences pointées par la justice
La plaignante, de son côté, a décrit plusieurs versions successives lors des auditions. D’abord un refus exprimé lorsqu’il aurait commencé à lui toucher les seins, puis un autre lorsqu’il l’aurait embrassée une deuxième fois, ou encore lors d’un frottement sur elle, sans contact sexuel explicite.
Face aux contradictions, la juge l’a interrogée directement : «Vous avez fait trois déclarations. Au début, vous dites qu’il vous touche les seins, et que vous avez la « discussion » (sur le fait qu’il ne se passera rien). Ensuite que c’est au moment où il vous embrasse une deuxième fois. Et là, c’est quand il se frotte sur vous. Quelle est la bonne version ?»
Amélie a répondu avec hésitation :
«La première audition, c’est la vérité, parce que c’est la plus proche des faits, donc j’avais les idées claires, je n’aurais pas menti. Je ne fais pas exprès, je suis désolée mais vraiment c’est pas si clair qu’au début. Je m’en rappelle plus de cette partie-là, c’est comme dans la cuisine. C’est flou. J’ai pas envie d’être incohérente, pas envie d’inventer. Je ne me rappelle plus trop».
Des messages au cœur du dossier
Autre élément clé : les messages envoyés à son amie «Nadia» pendant sa visite chez Hakimi. Parmi eux : «Il me viole», «J’arrive pas à partir.»
Interrogée sur ces messages, Amélie a relativisé leur portée, évoquant une «façon de parler» : «C’est une façon de parler. Ça ne pouvait pas du tout être pendant les faits, il n’y a pas une seule fois où j’ai pris mon téléphone pendant que ça se passait (…) Je n’arrivais pas à lui dire que je voulais partir (…) Je voulais faire genre : c’était pas grave. Je voulais pas faire la fille traumatisée. Je savais pas comment partir. C’était plus ça. Mais il me retenait pas du tout». Pourtant, Hakimi affirme qu’elle était bien sur son téléphone à certains moments.