Alors qu’il recevait un doctorat honorifique de l’Université de Manchester ce lundi soir, Pep Guardiola, l’entraîneur emblématique de Manchester City, a choisi d’utiliser sa tribune pour livrer un discours émouvant et engagé sur le conflit israélo-palestinien, en particulier les souffrances vécues à Gaza.
«Ce que nous voyons à Gaza est tellement douloureux»
Touché en tant qu’homme et père, Guardiola a exprimé une douleur personnelle profonde. «Ce que nous voyons à Gaza est tellement douloureux, ça me fait mal dans tout le corps. Soyons clairs : ce n’est pas une question d’idéologie. Ce n’est pas une question de savoir si j’ai raison ou si tu as tort. C’est juste une question d’amour de la vie, de l’attention portée à son prochain», a déclaré le Catalan.
«Je vois mes enfants et j’ai tellement peur»
Depuis le début du conflit en octobre 2023, Guardiola dit vivre chaque jour avec l’angoisse au ventre, en pensant aux enfants pris au piège dans les bombardements.
«Je suis désolé quand je vois mes enfants Maria, Marius et Valentina chaque matin depuis le début du cauchemar à Gaza. Et j’ai tellement peur. Peut-être que cette image semble bien loin de l’endroit où nous vivons actuellement. Et vous vous demandez ce qu’on peut faire», a-t-il poursuivi.
Son inquiétude va plus loin : il alerte sur le risque de l’indifférence, sur cette tentation de détourner les yeux.
«Peut-être qu’on peut voir des garçons ou des filles de 4 ans se faire tuer par une bombe ou à l’hôpital, qui n’en est plus un, en se disant que ce n’est pas notre affaire. Oui, ok. On peut penser comme ça. Ce n’est pas nos affaires, mais attention. Les prochains enfants de 4 ans ou 5 ans seront les nôtres.», a-t-il ajouté.
Le petit oiseau et la forêt en feu
Pour conclure, Guardiola a livré une fable poignante, une leçon d’espoir et de responsabilité, symbole de son propre engagement moral.
«Il y a une histoire qui me revient en mémoire. Une forêt est en feu. Tous les animaux sont terrifiés, impuissants. Mais un petit oiseau fait des allers-retours avec des gouttes d’eau dans son petit bec. Un serpent rit et demande : ‘Pourquoi, mon pote ? Tu n’éteindras jamais le feu.’ Le pauvre oiseau répond : ‘Oui, je le sais.’ ‘Alors pourquoi recommences-tu ?’, demande le serpent. ‘Je fais juste ma part’, répond l’oiseau. Il sait qu’il n’arrêtera pas le feu, mais il refuse de rester inactif. Dans un monde qui nous dit souvent que nous sommes trop petits pour faire la différence, cette histoire me rappelle que le pouvoir d’un seul n’est pas une question d’échelle, mais de choix. Il s’agit d’être présent, de refuser de se taire ou de rester immobile quand ça compte le plus», a-t-il conclu.
Ce discours fort et rare dans le monde du football rejoint celui de Mohamed Salah, l’attaquant égyptien de Liverpool, qui dès octobre 2023 appelait «les dirigeants du monde à s’unir pour empêcher de nouveaux massacres d’âmes innocentes. L’humanité doit prévaloir.»