Dans un entretien accordé à l’AFP ce mardi, Philippe Diallo est notamment revenu sur la succession de Didier Deschamps, ses projets et les droits TV du championnat de France, rappelant qu’il fallait «soutenir DAZN».
Confronté à la crise financière du football professionnel français, le président de la Fédération Philippe Diallo a déclaré ce mardi dans un entretien à l’AFP que «l’intérêt de tous c’est de soutenir DAZN», le diffuseur de la Ligue 1, fragilisé par le piratage et un nombre insuffisant d’abonnés.
Le football professionnel français est en pleine crise, notamment financière. Que peut-faire la FFF pour l’aider à la surmonter ?
Philippe Diallo: «Il est naturel que la Fédération, maison-mère de tous les footballs, se préoccupe de la situation de la Ligue de football professionnel, quand bien même celle-ci a une autonomie de fonctionnement. Nous avons lancé le challenge des espoirs (à destination de plusieurs centres de formation de clubs professionnels, NDLR), puisque la LFP n’était pas en capacité, à ce moment-là, de pouvoir le faire. Dès le mois de janvier, nous avons apporté 10 millions d’euros pour soulager la trésorerie d’un certain nombre de clubs. Je renouvellerai cette aide de 10 millions d’euros sur la saison prochaine, et je la compléterai par la mise en place de la VAR en Ligue 2. Je souhaite également mettre autour de la table toutes les parties prenantes, la Ligue, les clubs, le fonds CVC qui est un partenaire important, la DNCG, pour essayer de partager un constat: est-ce que la situation dans laquelle se trouve le football professionnel est ponctuelle ou est-ce plus structurel ? Auquel cas il faut y apporter un certain nombre de réponses. Nous devrions nous réunir au mois de mars. Vincent Labrune (le président de la LFP, NDLR) me soutient tout à fait dans cette démarche.»
Vous pensez que le problème du foot pro est structurel ?
«Un certain nombre d’indicateurs vont dans ce sens. Il faut regarder si ce qu’on fait nous a permis de gagner des places à l’indice UEFA, si l’écart entre nous et les principaux championnats est en réduction ou s’il est en augmentation.»
Êtes-vous inquiet par les difficultés de DAZN?
«L’intérêt de tous, c’est de soutenir DAZN pour que ce soit un succès. Ils se sont lancés dans des conditions difficiles, avec un appel d’offres qui s’est terminé tardivement. Je pense que cette saison est un peu délicate compte tenu des conditions de lancement, des ajustements de tarification, d’une forme de dénigrement dont ils ont été un peu victimes à leur lancement.»
Avez-vous été surpris par l’annonce de Didier Deschamps qui quittera la tête de l’équipe de France à la fin de son contrat après le Mondial-2026?
«C’est une décision personnelle. Je trouve ça à la fois responsable et élégant de faire cette clarification à un moment où l’équipe de France n’avait pas de match. C’est à l’image du personnage: toujours dans le souci de préserver l’équipe de France en toute occasion. Maintenant les choses ont été clarifiées. Il a dix-huit mois de contrat encore, avec de formidables défis à relever. Le premier aura lieu en mars avec ce quart de finale contre la Croatie et je l’espère un Final Four de très haut niveau puis il y aura les qualifications pour la Coupe du monde qui sont évidemment un enjeu majeur. On a une équipe de haut niveau, elle l’a encore démontré en étant demi-finaliste du dernier Euro et donc on ira pour essayer de conquérir l’Amérique.»
Avez-vous un calendrier en tête pour désigner son successeur ?
«Ce que je sais, c’est qu’il faut que je sois prêt à présenter à tous un successeur à l’issue du contrat de Didier Deschamps. Et ce que je sais aussi, c’est que je serai prêt. Il n’y a pas d’échéance, on a dix-huit mois. Ça laisse beaucoup de temps pour avoir la bonne réflexion. Diriger l’équipe de France, c’est un grand honneur. Et c’est une grande responsabilité. Aujourd’hui, l’équipe de France, c’est la deuxième meilleure équipe du monde. Il y a très peu de gens qui peuvent prétendre diriger cette équipe. Donc je me laisse le temps.»
Aux yeux de l’opinion, Zinédine Zidane est le grandissime favori. Est-il également le vôtre?
«Je ne me lancerai pas du tout dans le jeu des favoris ou même de citer des noms, essentiellement parce que je souhaite justement respecter et préserver Didier Deschamps, le staff qui est en place. Ce sont des gens qui sont là depuis plus de dix ans, qui ont eu des résultats remarquables. Et je pense qu’on doit les laisser travailler dans la plus grande sérénité jusqu’à la fin de leur contrat. Je souhaite surtout que Didier Deschamps puisse terminer son mandat à la tête de l’équipe de France en la faisant rayonner comme il a pu le faire dans le passé.»
On suppose que le retour en forme de Kylian Mbappé doit vous réjouir…
«Vous avez remarqué que je l’ai toujours soutenu, à tout moment, parce que c’est un immense joueur. J’ai vu ses derniers matches et je pense qu’on retrouve le Kylian qu’on aime. Celui qui fait des différences incroyables. Celui qui marque. Celui qui accélère. Celui qui est un des plus grands joueurs du monde. C’est une bonne nouvelle pour lui, pour le Real Madrid, mais bien évidemment pour l’équipe de France.»
Quels sont les chantiers prioritaires de votre mandat?
«D’abord le football amateur avec le lancement d’un conseil consultatif des clubs amateurs qui va réunir une vingtaine de clubs tirés au sort pour qu’ils puissent faire part de leurs préoccupations, de leurs difficultés et qu’ils puissent formuler des recommandations directement pour le comité exécutif. Ensuite, il y aura une grande conférence nationale qui va permettre de tracer une trajectoire financière sur l’ensemble du mandat. J’ai souhaité aussi lancer le chantier de la Ligue 3 professionnelle avec un objectif de lancer ce championnat en 2026-2027. Il y a aussi les questions des territoires ultramarins pour lesquels je souhaite qu’il puisse y avoir un grand plan avec trois volets, institutionnel, sportif et financier».
Avec AFP