Chez les Thuram, l’éducation ne s’est jamais faite dans la dentelle. Et si certains auraient pu en sortir meurtris, Marcus Thuram, aujourd’hui attaquant à l’Inter Milan et vice-champion du monde, y voit au contraire une immense chance. Dans un entretien récemment accordé, le fils aîné de Lilian Thuram s’est confié avec émotion et humour sur les méthodes peu conventionnelles de son père.
Lilian Thuram, connu pour son franc-parler et son engagement, a toujours su manier la moquerie et la pression psychologique pour forger le caractère de ses fils, Marcus et Khéphren.
«Quand on était petits et qu’on jouait avec papa, il nous mettait une pression psychologique très forte. Il nous charriait, il nous chambrait, il nous engueulait. C’est marrant, je viens de penser à ce truc, je n’ai jamais parlé de ça, je n’y avais même jamais réfléchi, je m’en rends compte tout juste. Mais le fait de nous faire ça, ça nous a préparés à tout ce qu’on vit maintenant», raconte Marcus.
Ce climat de tension ludique, mais intense, a façonné les deux jeunes garçons, les préparant à la dure réalité du football de haut niveau.
«J’ai la chance d’avoir cette éducation. Mon père a aussi connu cette vie, cette pression. Depuis petit, on nous a inculqué tout ça. Le fait d’être très serein, très calme, ne pas laisser des choses extérieures nous affecter», explique Marcus.
Parmi les souvenirs marquants, il raconte comment son père trichait volontairement pendant leurs jeux, non pas par esprit de compétition, mais pour enseigner une leçon.
«Par exemple, si je loupais une action, il se moquait de moi. Ou sinon, quand je jouais contre lui, il trichait, il faisait des petits trucs pour déstabiliser et pour faire comprendre qu’au final, c’est toi et toi-même. Tout ce qui se passe autour, il ne faut pas y prêter attention. Le plus important, c’est de se concentrer sur soi-même. Tu sais, ces petits trucs qu’il nous faisait, ça m’a marqué. Mon pied tremblait, mon cœur battait fort, j’étais petit», a-t-il ajouté.
Une pédagogie brute, parfois déstabilisante, mais toujours ciblée. «Mon père me chambrait, j’avais des émotions, je paniquais, il y avait tout un truc. Plus il nous faisait ça, plus on s’habituait à vivre avec ça. Quand tu es petit et que ton père te fait la misère, oui, ça te travaille. Cette éducation fait qu’aujourd’hui, Khéphren et moi, quand on entre sur le terrain, on est sereins.», a ajouté Marcus.