Éliminé sans gloire en quart de finale de Ligue des Champions, le Real Madrid traverse une zone de turbulences. Battus 1-2 au Bernabéu après un cinglant 1-3 à l’Emirates Stadium, les Merengues quittent la compétition sur une note amère. Et dans la foulée de cette déroute, Thibaut Courtois n’a pas mâché ses mots.
Le portier belge, l’un des rares à sortir du double affrontement avec les honneurs, a exprimé toute sa frustration au micro de Movistar. Si le Real est souvent parvenu à renverser des montagnes en Ligue des Champions, cette fois, la montagne londonienne s’est montrée infranchissable.
«Au final, sur penalty, si on l’arrête, on y croit toujours. Au début, on a créé le danger, les supporters nous ont poussés, mais Arsenal est une équipe qui défend bien, organisée, les ailiers reviennent, l’attaquant… À la mi-temps, on pensait que si on avait ouvert le score, le match aurait été ouvert. Finalement, ils ont trouvé le chemin des filets, on a égalisé rapidement, on y croit toujours, mais on n’a pas été performants en attaque. Je ne pense pas que Rayo ait eu besoin d’un seul grand arrêt. On a perdu contre un Arsenal supérieur et on doit l’accepter.», a-t-il analysé, lucide.
Si la première déclaration est mesurée, la suite est plus piquante. En zone mixte, Courtois a enfoncé le clou.
«On ne peut pas toujours s’attendre à ce que les quatre attaquants dribblent trois joueurs et marquent un but magnifique. En tant qu’équipe, nous devons mieux attaquer et mieux défendre», a-t-il déclaré.
Le constat est limpide : malgré les individualités, le Real n’a pas fonctionné en bloc. Et l’absence d’un point d’ancrage comme Joselu, souvent moqué mais précieux, s’est faite sentir selon lui.
«Au final, c’est une équipe qui défend bien, qui est bien organisée, qui presse bien, et il est difficile de trouver des espaces. On centre beaucoup, mais cette année, on n’a pas Joselu, un attaquant naturel en attaque. Il faut bien analyser ce qu’on peut améliorer. On a une saison chargée devant nous : le championnat est en jeu, la Coupe dans dix jours, puis la Coupe du Monde des Clubs. On remercie les supporters. Penser à un retour était génial, et j’espère qu’on pourra leur apporter un peu de joie cette saison.», a-t-il poursuivi.
«Une équipe pleine de talents, mais pas une vraie équipe»
Dans un moment de franchise rare, Courtois a même questionné la nature collective du groupe madrilène.
«Il faut parfois faire preuve d’autocritique et tout analyser. Tout le monde doit le faire. J’ai l’impression que nous formons une équipe, mais nous devons privilégier les actions collectives et pas seulement individuelles. S’ils doublent Vini ou Kylian, un deux contre un peut fonctionner une fois, mais pas cinq. Nous avons encore une belle finale contre le Barça, la Liga et la Coupe du monde des clubs.», a-t-il expliqué.
Soutien à Ancelotti, mais responsabilités partagées
Le discours du gardien se veut aussi protecteur envers Carlo Ancelotti, dont certains remettent déjà en question la gestion.
«Il n’y a aucun problème, nous n’avons aucun doute sur le manager. C’est à nous, sur le terrain, de faire ce qu’il nous demande.», a-t-il souligné.
Mais alors, à qui la faute ?
«Aujourd’hui, ce n’est pas le moment de blâmer les autres ; chacun doit se regarder dans le miroir et réfléchir à ce qu’il aurait pu améliorer. La saison a été plutôt moyenne, et chacun doit faire preuve d’autocritique.», a-t-il affirmé.
Pas de fatigue mentale, mais un besoin de remise en question
Courtois a balayé l’idée d’un relâchement dû aux nombreux succès récents.
«Non, je ne pense pas. Il y a beaucoup de jeunes qui ont soif de victoire. J’ai beaucoup gagné et je suis toujours aussi impatient qu’au premier jour. Je ne pense pas que ce soit un manque d’envie ou de motivation ; nous devons analyser attentivement nos points à améliorer pour la fin de saison», a-t-il ajouté.
Il en a profité pour adresser un message aux supporters : «Nous devons continuer à avoir confiance. Nous sommes une grande équipe et nous devons nous relever. Continuez à vous battre en Liga et à aller jusqu’au bout»
Enfin, sur le plan du jeu, le constat est brutal : «Je pense que nous avons beaucoup de football… mais il est vrai que nous n’obtenons peut-être pas toujours le jeu que nous voulons avec la qualité que nous avons.»
Et de conclure, dans une formule tranchante : «C’est à l’entraîneur d’analyser, et à nous, en tant que joueurs, d’être autocritiques et de réfléchir à ce que chacun peut apporter»